Le nouveau film réalisé par Fred Cavayé, Le jeu, est sorti cette semaine. Dans ce huis-clos rappelant ceux de Cuisine et dépendances et Le prénom, l’ironie du sort tutoie le comble et la technologie parle pour eux.
Un repas entre amis. Les invités qui débarquent. Les embrassades, les boutades. Une joyeuse ambiance qui s’installe, et les premières gênes qui se font jour en silence dans des sourires à peine esquissés. L’amour est présent partout, mais il n’a jamais été mis à aussi rude épreuve.
Le repas qui commence, des mets qui ne convainquent pas tout le monde. Le cuisinier, Vincent (Stéphane De Groodt), fait en sorte de ne pas s’en offusquer. Il prône la surprise pour ses créations culinaires qui suivent. Les échanges se poursuivent, ils partent dans toutes les directions. En cette soirée d’éclipse totale, les esprits vagabondent pour se poser finalement sur la branche d’un défi.
Au jeu de la vérité, les smartphones sont de la partie. Ils trônent au centre de la table, au centre du groupe de convives, au cœur de leur vie. Les premières réticences cèdent leur place à une exposition assumée, à des révélations aussi, que l’on aurait préférer ne pas partager. Les liens d’amitié et d’amour testent leurs limites. Ils se renforcent pour les uns, se distendent pour les autres. Mais des sept personnes assises autour de cette table, laquelle sortira vainqueur de ce divertissement improvisé ?
Le jeu : bal des illusions
Deux ans après la sortie de Radin ! qui laissa pantois un certain nombre de spectateurs malgré ses quelques drôleries, le réalisateur rennais Fred Cavayé revient aux fondamentaux de son métier. Dans Le jeu, il dévoile toute l’ampleur d’un scénario extrêmement bien ficelé et écrit.
Un scénario porté par une distribution remarquable, dirigée d’une main de fer, d’une autre d’émotion. Dans ce sens, on soulignera l’incroyable jeu de Suzanne Clément et de Grégory Gadebois. Et si l’intrigue repose sur une réalité sans surprise de la société et du lien social, chaque aventure, découverte au rythme des sonneries intempestives de ces appareils technologiques qui ne nous quittent plus, est une nouvelle chance de vivre une expérience différente, autrement plus authentique.
Plongée en cartes mémoires troubles
Montre-moi tes textos, je te dirai qui tu es. Si Le jeu en vaut la chandelle, toute vérité est-elle bonne à dire ? D’un côté, les partisans d’une transparence pouvant autant magnifier que blesser. De l’autre, les petits et les grands cachottiers, persuadés qu’ils sont loin d’être les seuls. Balle au centre : tel le mensonge le plus inavouable, la vérité la plus crue n’est-elle pas également à proscrire ?
Le jeu : un test scientifique à ciel ouvert et à cœurs meurtris, quoiqu’il arrive. La rançon exigée par les doutes, les errements et les trahisons pour libérer l’être et la pensée. Des autres, la sienne. Et dans les reflets de la Lune brillant à nouveau de mille feux, la vie telle qu’elle a toujours été qui reprend son cours. À moins que ce jeu ait vraiment eu lieu… Votre choix détermine votre nature. Et vous, à quel camp appartenez-vous ?