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Toute première fois – Perspectives sociétales plurielles

Toute première fois

Mercredi sortait dans les salles le long métrage de Noémie Saglio et Maxime Govare, Toute première fois, film au titre évocateur sur bien des plans pour ce duo de réalisateurs sachant conjuguer drôlerie intelligente et perspectives sociétales plurielles.

C’est dans le lit d’une suédoise prénommée Adna (Adrianna Gradziel) que Jérémie (Pio Marmai) se réveille nu comme un vers pour se retrouver nez-à-nez avec sa gueule de bois et le chat pataud ronronnant de sa dulcinée.

Jusque-là, rien d’extraordinaire. Pourtant, on cerne vite les motifs de l’hébétement de ce trentenaire, entamant une course folle à la poursuite du temps, qu’il tente de rattraper pour ne pas se mettre trop en retard pour son travail.

À la poursuite de lui-même aussi, mais cela, on ne le comprend que lorsqu’il déboule chez lui en trombe, filant sous la douche pour y être rejoint quelques instants plus tard par Antoine (Lannick Gaudry)… Son futur époux.

Toute première fois avec une femme, toute première fois sans son homme, toute première fois bien loin de ce qu’il fut convaincu d’être : le scénario abat ses cartes dès les premières séquences, et on s’attend par conséquent à une ribambelle de scènes humoristiques caricaturales et de passages survolés, avec toutefois le secret espoir que le parti pris ne sera pas trop lourd à porter pour les personnages, aux allures gentiment bourgeoises et bohèmes.

Il n’en est rien, ou presque. Car si la situation socioprofessionnelle de chacun d’entre eux est en effet celle des plus privilégiés d’entre nous dans la vraie vie, elle est toute trouvée pour se concentrer sur l’exposé de perspectives sociétales dépassant le simpliste synopsis de l’homosexuel « s’hétérosexualisant » par le hasard d’une rencontre quelques semaines avant son mariage avec son compagnon de dix ans.

Elle est toute trouvée pour dépasser les jugements discriminants et malfaisants, sans chercher pour autant à les remplacer par ceux qui les stigmatiseraient tout autant qu’ils ont coutume de le faire eux-mêmes.

Elle est toute trouvée pour affirmer l’évidence de l’amour, la seule à pouvoir terrasser tout être doué d’un tant soit peu d’humanité et de sensibilité. La seule qui puisse se suffire à elle-même et s’imposer à tous.

Mentions spéciales pour Isabelle Candelier incarnant la mère excentrique de Jérémie, qui offre quelques-unes des répliques les plus hilarantes du film, ainsi que pour Camille Cottin, dans la peau d’une Clémence clairement inspirée de la digne Connasse de la série Canal du même nom, sachant révéler une justesse d’émotion inattendue à travers ses regards de louve amourachée de Charles (Franck Gastambide).

Toute première fois est une comédie humaine dans le sens strict du terme, qui saura vous faire rire en toute légèreté et vous faire réfléchir sans y penser. Quelle autre joli vœu souhaiterait-on finalement voir s’exaucer ?


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