Audrey Marot est à l’origine de la formation du groupe bruxellois Annabel Lee en 2016. Sur scène, elle est accompagnée de Jérôme aka Vankou, de Valérian et d’Alexandre. Les différentes critiques parlent d’un son se situant entre garage rock et pop « grungy girly ». Début juin, Annabel Lee a sorti un premier EP : Wallflowers. Rencontre avec sa figure de proue, une jeune femme de poigne et de voix.
Bonjour Audrey Marot et merci d’avoir accepté cette interview. Avant de parler musique et des autres membres du groupe, j’aimerais en savoir un peu plus sur toi. As-tu toujours vécu dans la capitale belge ou nous viens-tu d’ailleurs ?
Audrey Marot : Je viens d’un petit village perdu au milieu de la Gaume (ndlr : partie romane de la Lorraine belge située dans l’extrême sud de la province de Luxembourg) qui s’appelle Étalle. Je suis arrivée à Bruxelles dans le cadre de mes études et je n’en suis jamais repartie !
Quel âge as-tu ?
Audrey Marot : Il me reste un an à tenir pour rejoindre le club des 27 (rires).
Que faisais-tu donc avant de faire de la musique ? S’il s’agit d’un métier qui n’a rien à voir avec la musique, le fais-tu toujours aujourd’hui ?
Audrey Marot : Je fais de la musique depuis une bonne paire d’années maintenant. J’ai fait des études de traduction allemand-russe : je n’ai jamais cherché de boulot dans cette branche. J’ai préféré me consacrer à la musique. Parce que c’est un rêve de gosse, pour ne pas avoir de regrets plus tard, tout ça. Du coup, je bosse dans un resto sur le côté car bon, pour le moment, Annabel Lee m’endette plus qu’autre chose.
Quelle est la figure familiale qui a eu une influence artistique et musicale majeure sur toi ?
Audrey Marot : Mon père a toujours écouté énormément de musique et m’a vraiment transmis cette culture des concerts. On a été voir pas mal de trucs ensemble, de Britney Spears à Roger Waters en passant par Misfits. Mais maman a toujours beaucoup (et très bien) chanté. Ça a peut-être joué aussi.
À quoi ressemblait ce moment où tu t’es dit que tu voulais à ton tour faire de la musique ?
Audrey Marot : Personne n’est musicien dans ma famille, que ce soit du côté paternel ou maternel. Je suis un peu la première. C’est Brody Dalle (The Distillers) qui m’a donné envie de faire de la musique plus que quiconque de mon entourage. J’ai acheté ma première guitare électrique vers quinze ans, une Ibanez bleu électrique. On avait été avec maman chez Pierson, le magasin de musique du village. J’avais opté pour le pack débutant avec le petit ampli. Et puis les choses sérieuses ont commencé ! On a monté un petit groupe avec les potes alors qu’on ne savait même pas encore jouer.
Wallflowers est donc le premier EP d’Annabel Lee. Il est sorti le 2 juin. Six premiers titres originaux le composent, dont le single Best Good Friend déjà paru en début d’année. C’était quoi l’idée derrière le choix du nom de ce premier disque ?
Audrey Marot : Le titre Wallflowers vient du film The Perks of Being a Wallflower, adaptation d’un roman de Stephen Chbosky. J’ai vu ce film avec mon petit frère, Xavier. En fait, je trouvais la métaphore trop belle. Les « wallflowers » sont ces gens qui « font tapisserie », qu’on ne remarque pas, qui sont transparents en société. Peut-être parce qu’on a tous vécu ça un jour ou l’autre, certains plus que d’autres. Bref, je trouvais ça joli. Et j’aime imaginer que tous ces personnages que j’invente dans mes chansons sont tous un peu des « wallflowers » au final. Et puis, il y a ce côté fleuri et rafraîchissant qui colle assez bien à ce premier EP.
Wallflowers a été enregistré dans un poney club du Hainaut avec, à tes côtés, le batteur du groupe Mountain Bike, Charles-Antoine Vanderborght, et le bassiste d’Animal Youth et de Black Sheep, Jérôme Damien aka Vankou. Pourquoi avoir choisi ce type de lieu pour l’enregistrement ?
Audrey Marot : Déjà, on n’avait absolument pas les moyens pour enregistrer en studio. Et il s’est avéré que les parents de Charles disposaient d’une super maison dans ce poney club, avec plein d’espace et au calme. On a donc bougé tout le matos et on est partis enregistrer une semaine. On en a profité aussi pour tourner le clip de notre titre Best Good Friend.
Tu es l’instigatrice d’Annabel Lee : pourquoi avoir choisi Charles-Antoine et Jérôme Damien pour accompagner les premiers pas du groupe ?
Audrey Marot : Je ne les ai pas vraiment choisis, ce sont plutôt eux qui sont venus à moi après avoir entendu d’anciens enregistrements. On a fait une première répétition juste pour le fun, pour voir ce que ça donnerait : ça a super bien collé !
Dans quelles circonstances les avais-tu rencontrés ?
Audrey Marot : Vankou faisait ses études à l’INRACI, l’Institut Nationale de Radioélectricité et de cinématographie, avec Adrien, mon mec de l’époque. Du coup, on s’est retrouvés à pas mal de soirées ensemble et on a sympathisé petit à petit. Quant à Charles-Antoine, il bossait au Tigre, un bar place Flagey à Bruxelles. J’y traîne assez souvent, du coup, on a vite parlé musique et envisagé de faire un truc ensemble.
Peux-tu nous parler de l’atmosphère qui régnait durant vos sessions d’enregistrement et ce que le côté « natural » de ce poney club à conférer à Wallflowers ?
Audrey Marot : C’était vraiment chill ! On avait du taf mais on n’était pas dans l’urgence. Les parents de Charles étaient vraiment aux petits soins avec nous, ils nous mettaient vraiment à l’aise. Et puis l’ingé son, Pierre, a vraiment fait preuve de patience avec nous. Personnellement, je n’avais jamais enregistré un truc aussi sérieusement auparavant, c’était un peu nouveau pour moi. Du coup, je stressais au début et ça se ressentait dans mes prises. Je ne sais pas encore où on va enregistrer le prochain disque mais je ne pense pas qu’on puisse retrouver aussi facilement un endroit si serein.
Quelles sont les autres personnes ayant collaboré à la réalisation de Wallflowers ?
Audrey Marot : Aurélien Auchain, de Moutain Bike lui aussi, est passé deux jours pendant l’enregistrement pour faire une deuxième couche de guitare. Il a fait un super taf, je suis vraiment contente. L’EP a été enregistré par Pierre Valfrey, mixé et arrangé par Baptiste Langlois, mon super pote avec qui j’avais déjà fait de la musique auparavant. Quant au mastering, il a été réalisé par Pieter De Wagter de Equus Mastering. Enfin, tout l’artwork et le layout a été confié à Pauline Rivière. On se connaît depuis peu mais j’ai vite découvert que nos univers se répondaient à merveille ! J’ai su m’entourer de gens tous super doués dans leur branche : Wallflowers ne serait pas ce qu’il est sans eux. Il y a aussi Mathieu Golinvaux, un autre super pote photographe qui a pris la photo qu’on retrouve à l’intérieur du vinyl.
As-tu une anecdote singulière à partager avec nous ayant eu lieu durant l’enregistrement de Wallfowers ?
Audrey Marot : « On voit ta chatte, Maroilles » : sans commentaire ! (rires)
« Louisa and Louise n’est pas du tout autobiographique. Même s’il s’agit du classique : « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis » que j’ai vécu à plusieurs reprises »
Quelques semaines avant la sortie de Wallflowers, Charles-Antoine quitte le navire. Il a été remplacé depuis par Xavier. En parallèle, un certain Valérian a rejoint Annabel Lee à la guitare. Peux-tu nous en dire plus sur les raisons de ce remodelage au sein du groupe ?
Audrey Marot : Charles-Antoine n’avait plus vraiment le temps de s’investir à fond dans Annabel Lee, étant déjà fort pris par Mountain Bike. Il a donc pris la décision de laisser sa place à quelqu’un d’autre : c’était mieux pour tout le monde. Xavier a alors rejoint Annabel Lee pour quelques mois. Il a décidé de rentrer chez lui en France, et par conséquent, sa place est désormais occupée par Alexandre De Bueger. Pour Valérian, les choses sont un peu différentes. Lors de l’enregistrement, on avait tous été vraiment fans de la tournure que l’EP avait pris grâce à l’ajout des deuxièmes guitares d’Aurélien. On a vite compris qu’il était capital de prendre un deuxième guitariste pour les lives et la suite. Valérian et moi avions déjà fait de la musique ensemble : je n’ai pas hésité longtemps pour le contacter.
Peux-tu nous présenter plus en détails Alexandre et Valérian ?
Audrey Marot : Je ne connais pas encore beaucoup Alex, il est d’abord pote avec Vankou. Ils étaient à l’INRACI ensemble, l’école de cinéma, mon ex, tu suis ? (rires) Alex est batteur dans un autre groupe, Alaska Gold Rush. C’est vraiment super bien ficelé, ils sont juste deux, lui à la batterie et son pote Renaud à la guitare et au chant. J’adore le clip de leur titre Dirty Road. Je les ai vus en concert plusieurs fois et le jeu d’Alex m’a toujours impressionnée : c’est vraiment cool qu’il ait rejoint le groupe. Valérian est le petit benjamin de la bande, il a 22 ans. Il a déjà eu quelques projets musicaux mais c’est son premier « vrai » groupe. Avec Baptiste et lui, on avait monté Möbius, un groupe de trip-hop, sans jamais rien sortir. Valérian vient de Ruette, un autre patelin du sud de la Belgique. Il a fait des études de lutherie, et il bosse à côté dans un magasin bio.
Wallflowers est une combinaison de sonorités influencées par les références musicales d’Annabel Lee. On en retrouve certaines citées dans les articles qui lui sont consacrés : Courtney Barnett pour le songwriting, Best Coast, The Distillers. D’autres me sont également venues : The Do (pour la voix) et Cold War Kids (pour l’énergie rock punk de certains morceaux). Que t’évoquent ces deux groupes ?
Audrey Marot : Pour être honnête, je ne suis pas vraiment fan de Cold War Kids et je ne m’y reconnais pas. Mais The Do je valide à fond, c’est un super groupe.
Period Sex est une invitation sans détour à prendre son pied, dans tous les sens du terme. Est-elle adressée à une personne en particulier ?
Audrey Marot : Non.
Dans quels moments as-tu ressenti l’envie de dire ainsi tout haut à quelqu’un que tu voulais coucher avec lui ?
Audrey Marot : Joker ! (rires)
Tu sembles vouloir partager un souvenir particulier dans la chanson Louisa and Louise. Les paroles décrivent une relation faite de va-et-vient. Peux-tu nous en dire plus sur l’histoire de ce morceau et sur les éléments de ta vie sur lesquels elle repose ?
Audrey Marot : Louisa and Louise n’est pas du tout autobiographique. Même s’il s’agit du classique : « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis » que j’ai vécu à plusieurs reprises, mais comme tout le monde. Louisa and Louise est le fruit de mon imagination : je ne sais même plus dans quel contexte j’ai écrit ce morceau.
Quels sont les prochains projets d’Annabel Lee pour 2017 ?
Audrey Marot : Faire un maximum de concerts, sortir un nouveau clip pour la rentrée et commencer à bosser sur un premier album !
Quelles sont les prochaines grandes dates en Belgique et en France d’ores et déjà bookées pour la fin de l’année ?
Audrey Marot : On n’a pas encore joué en France et aucune date prévue pour le moment, mais on serait ravis de traverser la frontière jusqu’à chez vous ! Pour la Belgique, ça devrait bien bouger en septembre et octobre. On sera de passage à Sart-Messire-Guillaume, Charleroi, Bruxelles, Namur, Arlon, Luxembourg et Rotterdam.
Annabel Lee : Facebook | Photos : Mathieu Golinvaux (header)