Baptistine Barillier, Maxime Dobosz, Guillaume Le Cahain, Vincent Lechevallier et Nicolas Zambon forment le groupe Big Wool. Ils ont sorti leur premier album éponyme en juin 2016. Originaires d’Angers, certains d’entre eux se sont déjà fait la main dans d’autres formations telles que Pony Pony Run Run, Hollysiz, Méduse, Coco Grrrls. D’autres sont toujours impliqués dans des projets parallèles. À l’instar de Maxime Dobosz aka San Carol. Quant à Baptistine Barillier, elle fut la dernière à rejoindre Big Wool avec son violon. Auparavant, elle était instrumentiste au sein de l’ensemble Scènefonia. Rencontre aujourd’hui avec Maxime Dobosz, le lead vocal et guitariste du groupe.
Bonjour Maxime Dobosz et merci d’avoir accepté cette interview. Big Wool naquit en hiver « dans une grange froide quelque part en France. » Les symboliques connectées à cette saison sont clairement perceptibles dans les titres de Big Wool. Son univers navigue entre colère froide, désespoir aérien et élans vains. Ta voix invite à l’introspection sur des compositions et des arrangements combinant trip-hop, folk et pop-rock. Le fait de si bien parler de, à et avec l’hiver est-il le meilleur moyen que vous ayez trouvé pour l’exorciser ?
Maxime Dobosz : Nous n’avions pas spécialement le souhait de l’exorciser. En réalité, nous n’intellectualisons pas notre musique à ce point. Certes, il peut arriver par moments qu’un sens singulier se dévoile, après coup. Mais concernant le rapport entre l’hiver et cet album, il s’agit essentiellement d’un environnement qui a influé fortement sur notre son et sur notre interprétation. En effet, l’hiver pour nous est mélancolique. Cet album est donc surtout la photographie d’un moment dans la vie de Big Wool. Nous sommes plus chaleureux qu’il n’y paraît ! (rires)
Après l’hiver vient naturellement le printemps : on peut donc s’attendre à ce que le vôtre prenne forme dans un second album. Est-il déjà en cours de préparation ? Si oui, une date de sortie est-elle déjà arrêtée ?
Maxime Dobosz : Nous avions déjà écrit beaucoup de nouveaux titres entre l’enregistrement de notre premier disque et sa sortie. Nous allons à notre rythme. Nous enregistrons en essayant différentes méthodes. D’une certaine manière, la suite est déjà en préparation sans qu’une date soit pour autant déjà arrêtée. On préfère faire les choses dans l’ordre.
Quels mots et compositions choisis constitueront votre expression du renouveau ?
Maxime Dobosz : Ces nouvelles chansons marqueront en effet plusieurs contrastes avec notre premier album. Notre composition s’est affinée et notre musique a évolué. La tonalité est en façade un peu plus optimiste, mais la mélancolie n’a pas disparu pour autant.
En début d’année, Big Wool a sorti un single inédit intitulé David, I Love You, en hommage à la mort de David Bowie. La tonalité du titre révèle une légèreté grâce aux cordes et à ton interprétation, proche d’une comptine. Les paroles dépassent la seule déclaration au chanteur britannique. En fait, elles semblent pouvoir s’adresser à tous ces autres artistes devenus avec le temps vos références musicales. Quelles sont-elles ?
Maxime Dobosz : David Bowie est en quelque sorte notre maître à penser. Sa carrière est pour nous inégalable. Il y a une telle richesse à en tirer ! Dans Big Wool, nous nous sommes également beaucoup retrouvés autour de groupes comme Slowdive, Yo La Tengo ou Pavement. Ce sont des groupes sachant user de leur hypersensibilité et de leur fragilité. Musicalement, ils savent rester simples dans leur complexité. Ce n’est jamais tape-à-l’œil, juste beau.
Quels éléments attachés à ces figures artistiques ont accentué votre identification musicale et personnelle vis-à-vis d’elles ?
Maxime Dobosz : Pour Slowdive et Pavement, ce sont les jeux de guitare de Neil Halstead et de Stephen Malkmus qui nous ont nourris. Concrètement, nous mêlons avec nos deux guitares un son ample et atmosphérique à des mélodies plus simples, plus chaudes. Concernant Yo La Tengo, c’est l’évidence musicale pour nous. Il s’agit d’un groupe dont la discographie est immense et pourtant assez impénétrable de prime abord, mais dont les nombreuses idées en son sein nous laissent absolument béats.
« Dans San Carol, c’est une introspection différente qui tend en quelque sorte vers l’absurde. La manière dont j’aborde l’expression dans Big Wool est moins cynique, plus premier degré »
Tu as déclaré dans une précédente interview : « Avec San Carol (ndlr : ton autre projet musical), il y a un côté théâtral, plus surjoué. Je voulais quelque chose de plus naturel ». Tu sembles l’avoir trouvé avec Big Wool. Quels pans de ta personnalité cherchais-tu ainsi à dissimuler avec San Carol que tu te sens libre désormais d’exposer à travers Big Wool ?
Maxime Dobosz : Il ne s’agit pas de me dissimuler avec San Carol. Il s’agit plutôt de théâtre, dans le sens où je ne me prive pas de grossir le trait de certaines émotions, quelles qu’elles soient. C’est une introspection différente qui tend en quelque sorte vers l’absurde. La manière dont j’aborde l’expression dans Big Wool est moins cynique, plus premier degré. La réelle nuance est que j’aborde d’une autre façon mon intimité ou certains sujets communs. Je ne saurais pas réellement l’expliquer. Car finalement, cela part d’un processus très naturel et non pas aussi pensé que cela en a l’air. Dans San Carol, je me représente en plus grand que je ne le suis, tandis que je me montre plus petit dans Big Wool.
Si Big Wool devenait un être à part entière, à quoi ressemblerait-il ?
Maxime Dobosz : Je ne sais pas… Ce serait étrange de devoir choisir entre un homme et une femme, je ne sais pas bien le genre qu’il pourrait représenter. Disons les deux ? Hors être humain, nous pourrions alors être une halichondrie. C’est un animal du type éponge qui n’est pas genré. Et ce, pour toutes les raisons du monde.
Quels seraient ses principaux traits de caractère ?
Maxime Dobosz : Probablement timide et en constante ébullition.
Après un peu plus d’un an d’existence de Big Wool, quels sont les enseignements que tu gardes de ces derniers mois pour la poursuite de cette aventure ?
Maxime Dobosz : Continuer ce que nous entreprenons depuis nos débuts. Écrire des chansons qui nous semblent être belles.
Big Wool : Facebook | Bandcamp | Photos : Erwan Iliou (live)