Fin 2016, un an après l’excellentissime American Sniper, Clint Eastwood dévoile Sully, l’histoire vraie d’un pilote qui pose son A320 sur le fleuve Hudson, face à Manhattan, suite à une collision aviaire. Au-delà de l’exploit qui permit de préserver la vie de tous les passagers à bord, le film est l’occasion d’interroger la relation entre l’homme et la machine. Et ce, pour repositionner l’acte humain apte à faire des miracles.
Entre flashbacks et compte à rebours, le dernier vol de Chesley Sullenberger (Tom Hanks) hante le pilote jusque dans sa réalité. Ses intimes l’appellent Sully. Voler est sa vocation. Chaque enseignement qu’il reçut dès ses premières heures en l’air forgèrent le professionnel qu’il est désormais. Dans l’aéroclub de ses débuts, lors d’essais militaires, et maintenant, sur des vols réguliers commerciaux, Sully vit son métier intensément. Et il compte bien poursuivre sa route dans les nuages une fois à la retraite. Les cartes de visite de sa petite entreprise de conseil en aéronautique sont déjà prêtes. Mais…
Il y a encore quelques heures, lui, son copilote Jeff Skiles (Aaron Eckhart), le personnel naviguant et les passagers du vol 1549 US Airways étaient encore entre la vie et la mort. Quelques instants seulement après le décollage, une nuée d’oiseaux s’était pris dans les réacteurs de l’Airbus. Impossible de les faire redémarrer, impossible également de rallier l’un des aéroports indiqués par la tour de contrôle. Au fur et à mesure que l’appareil perdait de l’altitude, toute l’expérience de Sully était remontée à la surface. Comme s’il l’avait acquise pour ce moment. Cet amerrissage sur l’Hudson, frontière naturelle entre l’État de New York et celui du New Jersey, théâtre d’un miracle qui porterait son nom.
Sully : en dépit de l’évidence
Le long métrage de Clint Eastwood est l’adaptation de l’ouvrage coécrit par le commandant Chesley Sullenberger et Jeffrey Zaslow. Celui-ci décrit les événements du 15 janvier 2009 sous le titre : Sully, la formidable histoire du héros de l’Hudson. Le film repose sur un casting de choix porté par le duo formé par Tom Hanks et Aaron Eckhart. Il donne l’opportunité de pénétrer l’esprit du pilote, de ses premières et seules pensées une fois l’avion posé sur l’Hudson (« je veux un décompte des passagers ») à celles qui leur succèdent, dédiées aux souvenirs des actions menées dans le cockpit pour l’enquête.
Celle-ci met à rude épreuve la mémoire de Chesley Sullenberger. Il finit par douter lui-même de sa façon d’agir ce jour-là tant les enquêteurs cherchent à lui faire porter le chapeau. En outre, ils organisent plusieurs essais sur des simulateurs de vol toulousains. Leur objectif ? Prouver qu’il était tout à fait possible de poser l’avion sur l’une des pistes rendues accessibles avant l’amerrissage forcé de l’A320 décidé par Sully. Toutefois, ces simulations éludent, d’une part, le temps de la réaction humaine dans un contexte d’urgence et imprévisible. D’autre part, les dommages causés par les oiseaux aux deux réacteurs de l’avion. Une chose est sûre : la touche de Clint Eastwood se prête à merveille à l’exposé des faits. Ainsi qu’à la pleine et entière considération de la détermination de Sully à réhabiliter dignement son honneur, aidé de son copilote et des 155 passagers toujours en vie auxquels il restera lié pour toujours.