Aujourd’hui dans les salles, retrouvez le premier long-métrage d’Alex Lutz, Le Talent de mes amis. Entre drôleries et émotions, l’humoriste connu pour ses personnages hauts en couleur, tant sur les planches que sur le petit écran, nous bluffe et réussit à dépasser la simple poilade entre potes pour se livrer corps et âme.
La bande annonce était plaisante, sans en faire des caisses. Pourtant, certaines de mes réserves persistaient avant la séance.
En effet, je craignais la maladresse du premier film. J’avais des doutes sur la capacité d’Alex Lutz et de ses compères de – presque – toujours, Bruno Sanches et Tom Dingler, à s’adapter à ce nouveau support. J’avais peur de tomber dans la « private joke » franchement pataude, initiée par l’immaturité cinématographique d’un mec convaincu que son humour, excellentissime par ailleurs, serait en mesure de supplanter la Toile elle-même.
Rien de tout ça.
La plupart du temps, vous savez qu’un film va être bon dès les deux premières minutes. En l’occurrence, celles-ci m’ont bouleversé.
Je ne sais si c’est en rapport avec ce souci du détail, à l’instar du choix de cette musique me téléportant presque trente ans en arrière tant ses sonorités ressemblent à celles du générique des Mystérieuses Cités d’Or, dessin-animé parmi d’autres ayant bercé mon enfance.
Je ne sais si ce sont les mots, sachant nous positionner immédiatement dans le vif du sujet : nos rêves de gamin, et leur adéquation avec une réalité qui peut parfois les torturer, mais que l’on ignore pouvoir courber de notre seule volonté pour les approcher, toujours un peu plus.
Ce que je sais en revanche, c’est que passé ces deux premières minutes, j’ai souri la larme à l’œil pour finalement m’enfoncer avec plaisir dans mon siège afin d’écouter et de regarder avec délectation la suite du poème. Car il s’agit bien de cela. Il s’agit d’un poème.
Une ode à la vie, qui passe, avec ou sans nous. Avec ou sans eux. Cette vie qui nous éloigne, de nous, des autres. Pour nous faire les étreindre éperdument quelques secondes plus tard au détour d’un tourbillon rythmé par la voix d’une petite vieille (Jeanne Moreau) confondant ses souvenirs amoureux et le prénom de son petit-fils, les mains dans ses cheveux.
Malgré quelques longueurs, dont certaines trouvent pourtant un écho très favorable par la cohérence qu’elles révèlent des rimes incarnées simplement et avec justesse par la bande d’Alex Lutz, Le Talent de mes amis glorifie celui de l’être, celui qui est en chacun de nous. Et là où l’on pourrait percevoir un objectif de nivellement célébrant le contentement et la « normalitude », on cerne l’intention de transcender concrètement les cœurs pour leur insuffler l’énergie positive nécessaire afin de relever le seul et véritable challenge qui vaille la peine d’exister : celui de soi.
Aussi, tout dépend de votre ouverture d’esprit, de votre aptitude à lutter contre l’inertie. Tout dépend de ce que, pour vous, elle signifie : une menace ? Une mélancolie ? Un enchevêtrement ? Un apaisement ?
Sur un air de Pierre Barouh, porté par les vers scénaristiques d’Alex Lutz, sans doute saurez-vous trouver le chemin de ce petit tour qui vous fera perdre la tête, puis celui menant à vos étoiles, tout comme celui de votre quête.