Un peu plus de deux ans après Gaz de France, Benoît Forgeard est revenu mercredi avec son nouveau long métrage : Yves. Réalisateur, mais aussi coscénariste du film avec Alain Layrac, la justesse de son écriture étonne. Tout comme celle de sa mise en scène.
Jérem (William Lebghil) vit dans la maison de sa grand-mère. Il a pris entièrement possession des lieux depuis son décès. Quand il ne “cuisine” pas ses infâmes recettes d’ado en chaussettes et tongs, il passe le plus clair de son temps dans le garage pour faire sa musique. Un rap plus insipide qu’incisif, ponctué de siestes à rallonge sur le clavier de son ordi.
Arrive le jour où il se fait livrer un nouveau frigo. Un électroménager pas comme les autres, doté d’une intelligence artificielle hyper-développée. C’est So (Doria Tillier) qui se charge de le présenter à son propriétaire. Elle est statisticienne et bosse pour la start-up à l’origine de la conception de ce frigo singulier. Il s’appelle Yves. Son rôle est de transformer le quotidien de Jérem et de l’aider à réussir sa vie, par tous les moyens. Mais ça, Jérem ne le sait pas encore.
Yves : un futur possible de l’humanité
Pourquoi aller voir Yves ? Pas pour sa bande-annonce en tous les cas, qui n’effleure même pas la substance véritable de son intrigue. Pourquoi pas pour Philippe Katerine ? Le mec qui “coupe le son” a su depuis démontrer son sens de l’interprétation, tout comme son flair pour les scénarios qui marquent (Gainsbourg, Le Poulain, Le Monde est à toi, Le Grand Bain). En parlant de ça, Yves se distingue justement par son écriture.
Le piège aurait pu se refermer très vite sur Benoît Forgeard et Alain Layrac. Dans cet univers complètement hors norme, et pourtant pas si éloigné de la société d’aujourd’hui telle qu’elle se projette dans un avenir proche, il aurait été désastreux de perdre l’équilibre. Les deux coscénaristes le gardent tout du long. Avec Yves, ils signent une œuvre au sens strict du terme, n’ayons pas peur des mots. Surtout quand ces derniers élèvent l’interprétation de la distribution de cette manière, tout autant qu’ils interrogent l’être dans cette folie qui l’anime, qui n’en est pas une. Et qu’il ne voit plus.