Trois ans après Wǒ Men, Bonnie Li revient avec Le bleu du rouge. Ce nouvel album sortira vendredi 22 avril 2022 chez Icons Creating Evil Art. Au programme : de la poésie bilingue sur fond trip hop électro. Une réalisation touchante et exhaustive.
Malgré elle ou pas, Bonnie Li a l’âme voyageuse. La songwriter marseillaise grandit à Hong Kong avant de revenir en France, à Paris, à l’âge adulte. Partageant désormais son temps entre Berlin et sa ville natale, elle compose des chansons à la limite de l’onirisme. Elle y parle de ses émotions et de ses craintes, comme elle le fit avec brio dans Wǒ Men, son premier album paru en janvier 2019. Elle s’y livrait alors avec pudeur, dans les échos des souvenirs égarés de son enfance et ceux de son devenir de femme.
Prise au dépourvu il y a deux ans comme de nombreux autres, elle décide d’exploiter ces temps d’enfermement pour revenir à son essentiel. Un moyen comme un autre d’initier le deuil de toutes ces scènes qu’elle ne ferait pas. Une opportunité aussi pour visiter autrement sa relation à elle-même et être de nouveau romantique à son seul égard et selon ses propres termes. Le bleu du rouge est le fruit de cette (re)connaissance de soi. Ce second album offre ainsi une symbiose mature de celle qu’elle était et de celle qu’elle est en définitive.
Bonnie Li : please let her stay
« Le bleu mélangé au rouge donne le violet, une couleur qui invite à la passion, aux rêves, à l’intimité et qui a une touche de mystère« , explique posément Bonnie Li. « Le Bleu du Rouge est exactement cela. » Autrement dit, l’accord presque parfait entre un engagement artistique qui, sur scène, fait des étincelles et une personnalité créative qui, même si elle peut se dévoiler, aime également que l’autre fasse l’effort de la décoder. Non par complexe de supériorité ou par timidité maladive. Plutôt par envie d’entendre les mots qui ne se disent pas.
Évoquant aussi bien l’univers de Björk que celui de Portishead, les titres et autres passages secrets interprétés en anglais répondent à une voix multivers lorsque Bonnie Li se met à chanter en français. Le cadre trip hop qu’elle donne à l’album est tantôt teinté d’une amertume joyeuse comme en première plage, tantôt teinté de cette urgence enveloppante invitant à l’introspection comme dans Chinese Talk.
Bonnie Li : site officiel | Photo : Gad Ismail