Marion Brunetto, aka Requin Chagrin, nous revient vendredi 9 avril 2021 avec son troisième album Bye Bye Baby. Une prod réussie façon dream-pop, à la française, très imprégnée des eighties et des sonorités de son mentor.
« Le Centrophorus granulosus est un requin de l’ordre des squaliformes, de la famille des centrophoridés. » Voilà ce que découvrit Marion Brunetto il y a quelques années sur Wikipédia. Elle était alors en quête du nom de son projet musical. Et l’occasion était trop belle pour cette artiste originaire de Ramatuelle. Car ce requin, au nom scientifique barbare, se fait également appelé Requin Chagrin. Un clin d’œil à son approche musicale un chouïa bipolaire.
Et pour cause : Madame rêve. Elle écrit à la mélancolie radieuse et à tous les modes. En parallèle, elle ajoute progressivement à sa collection des instruments, parfois trop datés pour être simplement vintages. Elle décortique leurs sons, se laisse guider par ses envies de ne plus savoir quoi en faire. Pour finalement les plaquer au sol et les faire voyager. Comme ce fut déjà le cas en 2015 dans son premier album éponyme. Puis en 2019 avec Sémaphore, son second opus. À chaque fois, Requin Chagrin mord tout autant qu’il tire les larmes de ses victimes. Consentantes, évidemment, pour faire de la douleur un plaisir, un renouveau. Une autre façon de lire la carte du ciel de la nuit.
Bye Bye Baby pour mieux se rencontrer
Vendredi, Requin Chagrin remet le couvert avec Bye Bye Baby, un dix titres indochinois qui, Ô surprise, sort sur le label KMS. Celui de Nicola Sirkis. On comprend l’idylle entre ces deux-là tant les passerelles entre leur composition musicale et leur écriture respectives sont évidentes. Il ne reste plus qu’à saupoudrer l’ensemble avec du Cigarettes After Sex, du Beach House, du Molly Nilsson et du Cocteau Twins pour aboutir à la signature singulière de Requin Chagrin.
Un requin qui, dans ce troisième album, se recentre jusqu’à, parfois, se recroqueviller. Mais qui, finalement, se tourne vers les étoiles pour slalomer entre elles et découvrir son nouvel océan bleu. Composé avant le tout premier confinement, la réalisation de Bye Bye Baby s’est finalisée par un enregistrement aux studios bruxellois ICP à la fin de l’été 2020. Tout ça pour dire que sa portée est intemporelle et qu’elle dépasse les enfermements contraints et successifs qu’une bonne partie du monde vit depuis des mois. Car quand Requin Chagrin est isolé, c’est qu’il l’a choisi. Résultat : à la vie, à la mort, l’heure est à tous les vœux. Aux retrouvailles avec nos trésors, nos liens intérieurs et sociaux. À nos souhaits de lointain, au-delà même des Perséides, du non d’un Fou. Cramponnés à la queue d’un Requin Chagrin devenu fusée et porte-drapeau.
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