Gaëlle Minali-Bella, Lorenzo Paronneau et Julien Tugas ont fusionné leurs influences et leurs aventures musicales respectives pour former en 2015 le groupe Purpleston. Chez Skriber, on avait déjà partagé leur single Keys tellement il nous avait plu. Le premier album du trio, Soul Keys, paru le 24 septembre dernier, a confirmé notre ressenti. À tel point qu’on souhaitait vraiment en apprendre davantage sur lui. Rencontre.
Quand on écoute les chansons de Purpleston, on se prend d’abord à repenser à la voix de Skye Edwards. Et ce, par celle de l’auteure, compositrice et interprète franco-camerounaise Gaëlle Minali-Bella. On se souvient aussi des élans trip-hop de Massive Attack et de Portishead. Puis, lorsqu’on échange avec le groupe, on réalise que les comparaisons, ce n’est pas vraiment son truc. Bien sûr, le trio reconnaît “qu’elles sont flatteuses”. Ceci dit, comme l’explique Lorenzo Paronneau : “Nous ne faisons pas de la musique dans le but de faire tel ou tel style. En effet, nous venons tous les trois d’univers musicaux différents. Je dirais que la musique de Purpleston est la fusion de ces univers.”
Il faut bien reconnaître au band montendrais une créativité empruntant tout autant au trip-hop, à l’électro qu’à la house, à la soul ou au hip-hop. Cette créativité le distingue. En outre, elle s’inscrit dans la continuité des influences respectives de ses membres : Georges Moustaki, Jacques Brel, Maxime Le Forestier, les musiques d’Afrique de l’Ouest, Noir Désir, Red Hot Chili Peppers. Ou bien encore Korn et System of a Down (pour ne citer qu’elles parmi les nombreuses références évoquées par le groupe). De là à ce que l’auditeur perçoive, aussi, ses propres influences dans la touche Purpleston, il n’y a qu’un pas…
Purpleston : firts steps ensemble
Purpleston sort son premier EP Naissance en avril 2019. Cette production “ne suivait pas de cheminement particulier”, souligne Gaëlle. “En réalité, il s’agissait d’une période de recherche et de rencontre pour le groupe. Il fallait d’abord que nous apprenions à nous connaître.” Si Lorenzo et Julien se fréquentaient déjà depuis quelques temps, le projet voit vraiment le jour avec l’arrivée de Gaëlle. Le groupe se forme en 2015. Depuis, il a enchaîné les lives dans plusieurs salles et festivals. Il y a partagé la scène, entre autres, avec Catherine Ringer, Lomepal et Petit Biscuit.
La musique fait partie de la vie des membres de Purpleston depuis toujours. Chacun d’entre eux a eu l’occasion de participer à plusieurs projets différents avant les débuts de Purpleston. Et chacun d’entre eux vit de la musique à sa manière. Par exemple, Julien Tugas donne des cours de guitare tout en travaillant en studio d’enregistrement en tant que prestataire technique sono live, depuis douze ans.
Soul Keys : les mots, leurs nuances
Et les opportunités de débat qu’ils offrent… À travers les titres de son premier album Soul Keys, sorti le 24 décembre 2021, Purpleston met à nu certaines de ses pensées. Comme dans le morceau Easy to Kill, axé sur un appel à la non-violence. Quoiqu’il en coûte ? “Je pars du principe que la violence engendre la violence”, explique Gaëlle. “Essayons d’avoir un peu de recul et apprenons de l’Histoire […] Le capitalisme, la pauvreté, la misère, le désespoir sont les mèches qui allument ces tensions.”
Égaré aujourd’hui entre avoir et paraître, l’être profond est invoqué dans Keys. Pour Julien, il s’agit de “ne pas se contenter du “boulot, métro, dodo” mais peut-être prendre du temps pour soi pour s’évader, s’occuper, tout en lâchant les réseaux et les écrans.” Dès lors, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec le titre Karma. Celui-ci traduit une urgence tout autant qu’une course poursuite, où la vie course l’individu et inversement. “On s’appuie et on survit spirituellement dans ce monde comme on peut. Un monde où si tu ne cours pas, tu n’as pas de valeur aux yeux de la société”, explique Gaëlle. “J’aime la lenteur et les choses qu’elle permet de prendre le temps d’explorer.” Ne serait-ce pas là une partie de la solution pour que chacun puisse, à nouveau, se rencontrer ?
